Le métier de photographe en évolution

Photographe : voilà un métier en pleine mutation comme tant d’autres.

A l’origine, il était fait appel au photographe pour les portraits car très peu avaient les connaissances techniques et le matériel pour pouvoir produire des photographies, d’autant que les premiers procédés étaient complexes et coûteux. Le choix  était donc évident de faire appel à un professionnel. Les premiers à très vite s’intéresser à ce nouveau médium ont d’ailleurs été les artistes peintres qui s’en sont rapidement emparés.

Aujourd’hui, la démocratisation du matériel, la grande simplification des procédés fait que tout le monde peut produire une photographie (on ne parle pas de qualité, entendons nous bien) ce qui était impossible à la base alors :  que devient la place du photographe professionnel face à cette nouvelle situation, à ces nouvelles technologies?

Ce constat amène pour les photographes d’aujourd’hui le devoir de créer une plus-value de par son intervention suffisante pour justifier son coût, c’est un discours bien économique mais contrairement à ce que certains peuvent penser, on ne remplit pas l’écuelle avec un appareil photo si facilement.

Comme tout professionnel, un photographe doit apporter un matériel performant, récent mais cela a un coût, bien sur! A mon sens, bien plus encore que le matériel, c’est un savoir faire ;  nourri de l’expérience (il faut avoir gâché de la pellicule), de la formation qui ne s’arrête jamais, du partage ainsi que d’une documentation et veille perpétuelle sur ce qu’il se fait, une ouverture sur la culture, l’histoire de l’art ( la composition est bien souvent référencée) . Même par hasard, une personne peut faire une bonne photo mais réussir quasi chaque image, quelque soit le contexte de prise de vue et toujours amener quelques choses de plus, c’est normalement ça être professionnel.

Je suis souvent chagriné par les compléments de dénominations autour de la profession comme : auteur photographe, artiste photographe, photographe d’art… Difficile de se définir, il me semble que pour pas mal de travaux,  le terme d’artisan photographe est plus approprié ce qui n’empêche pas la créativité et en dehors du travail, d’être artiste photographe. Quelle est la part de l’artiste et du technicien?  c’est un problème insoluble.

Ensuite, il y a bien des branches différentes dans la photographie ; que penser, par exemple,  des photojournalistes qui semblent souffrir de plusieurs phénomènes : des ventes de quotidiens et magazines clairement en baisse, l’arrivée d’une grande partie de photographies libres de droits ou que les auteurs laissent presque pour rien parce qu’il sont heureux de voir leur nom et leurs photographies apparaître. Comment blâmer un dentiste, passionné de photographie, assez bien équipé qui signera un contrat de 50€ pour les droits des images d’un livre entier? Certains livres vendus le sont avec uniquement des photographies libres de droits, ne faisant plus appel à des agences ou des photographes pour répondre à ces commandes.

Une fois finie cette parenthèse censée effrayer les jeunes qui souhaiteraient intégrer la profession, quel beau métier que celui de photographe!  Quelle récompense lorsqu’une personne fâchée avec son image vous dit s’aimer sur les vôtres, s’accepter mieux grâce à cela ; ou encore voir les visages des mariés vivre une nouvelle fois le mariage différemment grâce au reportage, un patron d’entreprise heureux de pouvoir défendre ses produits avec des images à la hauteur du soin qu’il apporte à son travail. Quel frisson de saisir l’instant qui ne reviendra pas et lui donner un prolongement vers l’avenir, en l’esthétisant pour le rendre plus beau encore.

Voilà les raisons qui me donnent l’envie d’accepter les contraintes grandissantes pour être photographe.